Paradoxe, définition de soi et identité

Paradoxe

  • Le paradoxe de la pratique du signal est le suivant : La langue maternelle étant la langue de l’affect, le parent qui l’a transmise, l’utilise pour réprimander l’enfant de l’avoir parlée.
  • La langue maternelle énonçant elle-même l’interdit de son usage produit un trouble identitaire chez l’enfant, de non coïncidence avec lui-même avec une question : Qui suis-je si ma langue originelle transmise par mes parents, qui fonde mon identité, est source de honte et de punition, donc à proscrire et à exclure de moi ?

    
  • Le sentiment d’appartenance et la transmission est remise en question.
  • La langue maternelle porteuse de l’identité affective de l’enfant, ne coïncide plus avec une identité première qui semblait acquise et devient source d’une angoisse de dépersonnalisation : « La langue par laquelle j’existais n’est plus la mienne, quelle est mon identité ? » De semblables questions se poseront aussi pour l’imaginaire et la culture véhiculés par la langue. Un espace s’ouvre pour la construction d’une néo-identité portée par la langue seconde. Tout se passe comme si la situation d’impasse du patois s’était projetée à l’intérieur du sujet condamné à adopter une identité adaptée afin de couvrir une contradiction identitaire.
  • L’enfant va donc être amené à établir une définition paradoxale de lui-même.  
  • On retrouve-là dans un autre contexte la célèbre phrase de Derrida : « Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne » qui a plongé cet auteur dans un paradoxe identitaire. On retrouve ce paradoxe lorsque la langue visée par l’interdit et l’exclusion est la même que celle du cadre qui exclut ou du représentant de ce cadre.
  • Des chercheurs (Guienne, 1981, p 154) montreront que les locuteurs de la langue régionale vont être soumis à une double perte : celle de leur identité régionale et celle de leur identité française. Ils oscillent entre deux pôles et ils ne veulent pas intégrer l’un ou l’autre, maintenus en permanence dans l’état d’une impossible intégration.
  • De nombreux travaux en médecine, en psychanalyse et en psychosomatique mettent en évidence une corrélation entre une contradiction identitaire et des troubles pathologiques touchant le psychique mais aussi le somatique.