Le patois

Patois

« Patois » dans son sens péjoratif, signifiant « un langage corrompu et grossier» et se substituant au sens usuel de « langage incompréhensible». Ce détournement de sens va être à l’origine d’une culpabilisation sociolinguistique des occitanophones (Boyer H., 2001, p 149).

En effet, l’article « PATOIS » de l’Encyclopédie (tome XII, 1765) est révélateur de la valeur stigmatisante dorénavant attribuée au désignant « patois » utilisé par l’entreprise d’infériorisation.

PATOIS, (Gramm.) langage corrompu tel qu’il se parle dans toutes les provinces : chacune a son patois ; ainsi nous avons le patois bourguignon, le patois normand, le patois champenois, le patois gascon, le patois provençal etc. On ne parle la langue que dans la capitale. Je ne doute point qu’il en soit ainsi pour toutes les langues vivantes, et qu’il n’en fut ainsi de toutes les langues mortes. Qu’est-ce que les différents dialectes de la langue grecque, sinon les patois des différentes contrées de la Grèce ?[1]

La langue régionale dotée d’une connotation péjorative va s’inscrire alors dans une interaction conflictuelle avec le français, générant chez les locuteurs régionaux un intense sentiment de culpabilité qui transparaît dans les réponses aux questions posées par l’abbé Grégoire chargé de rédiger un rapport pour la Convention en août 1790.


[1]Voir BOYER H, GARDY Ph.., 10 siècle d’usages et d’images de l’occitan, l’harmattan, Paris, 2001, p 150